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COE - Comment prierons-nous ensemble a l'avenir ?


From "Sheila Mesa" <smm@wcc-coe.org>
Date Fri, 17 May 2002 10:21:17 +0200

(Commission speciale, 3eme partie)

Conseil oecumenique des Eglises
Document, Feat-02-05
Pour publication immediate
Le 17 mai 2002

Comment prierons-nous ensemble a l'avenir ?
La Commission speciale sur la participation des orthodoxes au
COE prepare son rapport final (3eme partie)

cf. Document COE, Feat-02-03, du 15 mai 2002
cf. Document COE, Feat-02-04, du 16 mai 2002

La reunion pleniere de la Commission speciale sur la
participation des orthodoxes au Conseil oecumenique des Eglises
(COE), qui s'est tenue en novembre 2001 a Berekfurdo, en Hongrie,
a souligne le fait que l'on avait besoin pour la priere commune
de lignes directrices theologiques et pratiques etablies avec
soin.  

Le culte oecumenique interconfessionnel - services celebres lors
de rassemblements oecumeniques reunissant diverses traditions -
est au centre du debat. Pour d'innombrables personnes, il
constitue un element de la vie liturgique et oecumenique auquel
ils ne souhaitent pas renoncer ; chez d'autres, il provoque un
sentiment d'alienation et il les heurte.  

. Les chretiens orthodoxes doivent meme se confronter a la
question de savoir si les canons les autorisent ou non a prier
avec des non-orthodoxes. Cette question une fois reglee - et elle
l'est de differentes facons selon les personnes - nous devons
nous demander dans quelle mesure les celebrations
interconfessionnelles nous apparaissent comme carrement
etrangeres a nos traditions /, ecrit Pierre Bouteneff, de
l'Eglise orthodoxe d'Amerique. Dans sa contribution, il decrit
l'evolution interieure qui a fini par l'amener a revoir sa
position initiale.  

Pour l'eveque Rolf Koppe de l'Eglise evangelique en Allemagne
aussi, les tensions que suscite la celebration commune sont un
sujet de tristesse. . Le fait que nous ne pouvons pas aller les
uns vers les autres dans la joie et la liberte et nous rassembler
simplement devant notre Pere a tous pour le prier est une plaie
ouverte du Corps du Christ /, ecrit-il.  

Comment donc allons-nous prier ensemble a l'avenir ?  Dans sa
contribution, le pere K.M. George, de l'Eglise orthodoxe syrienne
de Malankara (Inde), fait une serie de propositions concretes
pour tenter de faire avancer la discussion au sujet de lignes
directrices pour les celebrations communes.  

C'est tout a fait ce que Pierre Bouteneff a dans l'esprit,
lorsqu'il conclut sa contribution sur une note optimiste : . la
Commission speciale a deja amene certains d'entre nous a
reflechir a nouveau sur nos convictions bien ancrees, a
approfondir les questions et a trouver des solutions qui
pourraient ameliorer la situation de maniere durable /.   
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La celebration, confessionnelle ou interconfessionnelle : 
un debat interieur
Peter Bouteneff

Lorsque des chretiens de traditions differentes se reunissent
pour prier ensemble, l'emotion est au rendez-vous. Il ne peut pas
en etre autrement. Prier fait partie de la nature humaine, et il
est juste que les chretiens souhaitent le faire ensemble. Il est
egalement naturel d'avoir une opinion bien arretee sur la
maniere dont nous prions, car la priere emane de notre etre le
plus profond et le touche. Il est probablement assez facile de
reunir des chretiens de meme tradition, de meme nationalite et
de meme langue pour prier ensemble. Mais plus les composantes
sont multiples, plus l'entreprise peut devenir un defi.  

Le  defi est a la fois negatif et positif. Parfois, j'ai vecu la
celebration du culte dans un cadre oecumenique comme une
experience emouvante, source d'inspiration et veritable
louange de Dieu. J'ai aussi assiste a des tentatives moins
reussies lorsque, par exemple, une celebration oecumenique est
detournee de son but et devient une declaration politique, ou
lorsque l'effort fait pour tenir compte de la diversite et de
l'ouverture frole l'absurde ou meme le syncretisme.  

En temps que membre depuis ma naissance de l'Eglise orthodoxe,
observateur et participant a des reunions oecumeniques durant une
decennie et ancien membre du personnel du COE et de son comite
des cultes, je me propose ici de reflechir a ces questions sous
un angle a la fois objectif et subjectif.  

Celebration interconfessionnelle - une entreprise menee au
hasard

La celebration oecumenique, ou plus precisement
interconfessionnelle, de par sa nature, a quelque chose d'une
entreprise menee au hasard, et cela pour plusieurs raisons. Une
partie de ce que nous faisons, en rassemblant des chretiens
d'appartenances diverses pour prier, est la celebration du
rassemblement pour lui-meme. Nous le faisons parfois en nous
inspirant de sources variees emanant de toutes les confessions et
traditions. Ce qui est problematique, c'est qu'il est tres
difficile d'etre a la fois tres divers et de mener a bien un
office de priere ayant une coherence interne. Les resultats de
ces tentatives peuvent parfois apparaitre comme un eclectisme
ayant son but en lui-meme.  

Les celebrations oecumeniques sont generalement preparees pour
l'occasion par des comites plutot qu'elles n'emanent de
traditions particulieres. Cela contribue a la fois aux avantages
- diversite, appropriation largement repartie, fraicheur - et aux
defauts - danger d'incoherence, superficialite, cliches en vogue
- de la vie cultuelle d'un rassemblement oecumenique.  

La nature intrinseque de ces problemes a donne lieu a quelques
objections fondamentales a l'encontre de la maniere dont le
Conseil oecumenique des Eglises (COE) gere la vie cultuelle lors
de ses assemblees. Ces objections emanent de differentes
traditions. Mais les participants orthodoxes ont exprime plus ou
moins systematiquement ce genre de preoccupations des le debut.
Les chretiens orthodoxes doivent meme se confronter a la question
de savoir si les canons les autorisent ou non a prier avec des
non orthodoxes. Cette question une fois reglee - et elle l'est de
differentes facons selon les personnes - nous devons nous
demander dans quelle mesure les celebrations
interconfessionnelles nous apparaissent comme carrement
etrangeres a nos traditions.   

Souvent, lorsque nous faisons etat de ces malaises face a
certains aspects de la vie cultuelle du COE, on nous dit que tout
le monde est mal a l'aise a cet egard. Il s'agit de quelque chose
d'essentiellement nouveau, et aussi d'eclectique. On nous dit que
ce fait meme est la garantie qu'inevitablement, chacun ressentira
certains elements comme etrangers. Mais ce n'est pas tout a fait
vrai. Un grand nombre d'oecumenistes se sentent non seulement a
l'aise face a la maniere dont on a tendance a celebrer les cultes
oecumeniques, mais ils en vivent. Ils disent que si le COE devait
un jour decider de celebrer des cultes et de prier ensemble de
maniere a perdre la variete, la nouveaute et l'eclectisme, ils
s'en iraient tout simplement. C'est pourquoi la dynamique
actuelle tend a maintenir la vie cultuelle des reunions
oecumeniques telle qu'elle est, de garder son caractere
essentiellement interconfessionnel.  

La solution de rechange que les orthodoxes et d'autres groupes
de chretiens de meme tendance proposent le plus generalement est
de structurer la vie cultuelle dans des perspectives
confessionnelles : que les . cultes interconfessionnels / fassent
place aux . celebrations confessionnelles /. Assez de macedoine:
goutons de chaque fruit tour a tour. Faisons place aux
differentes traditions dont chacune possede une tradition
cultuelle coherente, avec ses dons et son integrite propres.  

Pour passer maintenant a des considerations plus subjectives, je
dirai que ma pensee, sur cette question, a quelque peu evolue au
cours des annees.  

Pour ou contre la celebration interconfessionnelle

Les points suivants ont inspire mes objections a la celebration
interconfessionnelle :

Dans ma tradition (orthodoxe), la priere commune n'est pas
composee pour l'occasion ; elle a une forme fixe. Savoir a chaque
instant d'une celebration ou l'on en est et ou l'on va  fait
partie integrante de notre spiritualite : c'est cet enracinement
qui libere l'esprit afin de pouvoir prier de maniere toujours
neuve. Et comme nos prieres sont aussi enracinees dans la
theologie, souvent de maniere tres explicite - nous prions ce
que nous croyons, et inversement - cette previsibilite de nos
offices de priere est pour nous vitale.  

Les celebrations . oecumeniques / ou interconfessionnelles
constituent par nature une entreprise artificielle. Elles
consistent a placer cote a cote des prieres et des rites qui
n'ont jamais ete faits pour etre ensemble. Cela peut donner des
resultats brillants. Mais au pire, cela peut aboutir a un
creuset a la Benetton ou nous combinons les elements de facon
arbitraire, en nous felicitant de notre accueil offert a tous, de
notre grande ouverture d'esprit et de notre post-modernite.  

En outre, la priere oecumenique a commence a devenir une
tradition en soi, et une fois que le COE a une tradition
oecumenique de priere, une tradition de celebration, il court
le risque de se comporter comme une . Eglise oecumenique /, ce
qui va totalement a l'encontre des sensibilites d'un grand nombre
des traditions qui le constituent, notamment des orthodoxes.  

Quant aux . celebrations confessionnelles /, elles pourraient
devenir une maniere essentielle de . faire de la place / aux
traditions des autres. Elles laissent respirer les prieres dans
le contexte qui leur a donne naissance. Elles tendent a garantir
une integrite - un deroulement et une sensibilite coherents qui
ont resiste au temps dans un contexte specifique. En outre, c'est
l'un des meilleurs moyens capables de nous faire partager les uns
avec les autres  notre vie et notre tradition chretiennes. Enfin,
si nous prions . confessionnellement / lors des rassemblements
oecumeniques - un jour dans un service lutherien, le lendemain en
suivant un office de matines orthodoxe, puis a la maniere des
baptistes - nous serons mieux a meme d'eviter quelques exces, le
syncretisme et la politisation qui peuvent apparaitre dans les
celebrations oecumeniques.  

Tels ont ete les arguments qui m'ont conduit a plaider en faveur
de celebrations confessionnelles comme devant etre la norme lors
des reunions oecumeniques. Un grand nombre de ces preoccupations
demeurent actuelles et meme vitales. Mais l'experience - et
quelques personnes tres sensibles et reflechies - m'ont aide a
soulever des questions importantes et a moderer les impressions
que je viens d'enoncer.  

Par exemple, la celebration confessionnelle dans le cadre
oecumenique peut etre aussi artificielle que le culte .
oecumenique /. Organiser un office de matines orthodoxe ou une
reunion Quaker pourrait aboutir a de simples mises en scene,
comme une piece de theatre, qui ne dispose en rien a la priere. 
Et qui peut dire que de telles experiences seraient moins
insolites, moins etrangeres pour l'assemblee ? D'autres questions
se posent encore : Qui decide ce qu'est l'integrite
confessionnelle ? Qui determine les elements constitutifs d'une .
tradition / ?  

En outre, si nous consacrons une culte matinal a l'une ou
l'autre tradition, nous ne pouvons pas en bannir tel ou tel
contenu theologique exprime dans les prieres ou les rites. Dans
un culte oecumenique prepare par un groupe de personnes, les
orthodoxes, de concert avec d'autres representants de theologies
conservatrices, refuseraient par exemple d'inclure des prieres
qui appellent Dieu . Mere / ou des paroles d'ouverture adressees
aux chretiens reunis comme a l'. Eglise universelle /.  Mais si
les convictions qui donnent lieu a de telles formulations font
partie de la tradition confessionnelle responsable d'un culte
donne, est-il possible ou meme raisonnable de les censurer ?  

Celebrations interconfessionnelles : . la priere des chretiens
divises /

Ces questions m'ont progressivement amene a me rendre a cette
evidence : on ne trouvera pas de solution simple au probleme
de savoir comment gerer nos offices de priere commune. Mais, et
cela importe davantage, j'ai  compris que la question n'est pas
de savoir comment structurer le culte dans un cadre oecumenique
dans une perspective exclusivement . confessionnelle / ou .
interconfessionnelle /. Il s'agit au contraire d'etre au clair,
autant que possible, sur ce que l'on fait. Si vous celebrez un
culte interconfessionnel, vous ne sous-entendrez d'aucune maniere
que c'est la le culte d'une Eglise oecumenique : c'est la priere
de chretiens divises ou de corps divises de chretiens. Et si vous
celebrez un service de votre propre tradition confessionnelle,
dites-le clairement.  

Outre cette clarte souhaitable, on pourrait imaginer toutes
sortes de lignes directrices utiles.  Par exemple, le culte, dans
les rassemblements oecumeniques, devrait etre centre sur Dieu -
dans les termes de la Base du COE, sur . Jesus Christ comme Dieu
et Sauveur ... pour la gloire du seul Dieu Pere, Fils et Saint
Esprit/. De plus, en ce qui concerne la theologie et toutes les
autres dimensions, la priere commune devrait s'efforcer de ne pas
heurter ceux qui sont rassembles pour prier. Enfin, les offices
de priere, qu'ils soient confessionnels ou interconfessionnels,
devraient chercher a eviter l'artificialite et a parvenir a un
ensemble coherent et harmonieux.  

La Commission speciale sur la participation des orthodoxes au
COE est en train de formuler des recommandations sur une grande
diversite de questions, notamment sur la vie cultuelle du
Conseil. Si elle peut donner des lignes directrices
universellement acceptables dans ce domaine, ce sera une
contribution tres utile pour l'ensemble du mouvement oecumenique.
Mais la Commission speciale a deja amene certains d'entre nous a
reflechir a nouveau sur nos convictions  bien ancrees, a
approfondir les questions et a trouver des solutions qui
pourraient ameliorer la situation de maniere durable.  
_________________________
L'auteur de cet article, Peter Bouteneff, a ete pendant cinq ans
membre du personnel de la Commission de foi et constitution du
COE. Il enseigne actuellement la theologie systematique au
Seminaire de theologie orthodoxe St Vladimir a Crestwood, New
York. Il a suivi les travaux de la Commission speciale en tant
que consultant.   

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La question des celebrations oecumeniques - une plaie ouverte du
Corps du Christ
Rolf Koppe

Le rapport intermediaire de la Commission speciale sur la
participation des orthodoxes au Conseil oecumenique des Eglises
(COE), presente en janvier 2001 lors de la session du Comite
central a Potsdam, a ete en general bien accueilli. Les delegues
ont eu l'impression que les soixante membres de la Commission
avaient passe par un processus d'apprentissage et qu'ils avaient
pu se mettre d'accord sur toute une serie de questions.   

Mais on a aussi percu que la decision de ne pas participer aux
manifestations cultuelles oecumeniques, prise par les orthodoxes
lors d'une conference a Thessalonique avant l'Assemblee du COE,
n'avait pas ete revoquee et que la question theologique qu'elle
implique devait etre clarifiee. Lors de la discussion qui a suivi
au sein du Groupe directeur, l'etat de la question peut se
resumer ainsi : . If we can't pray together, we can't stay
together / (Si nous ne pouvons pas prier ensemble, nous ne
pouvons pas demeurer ensemble). En effet, pourquoi reflechir si
intensement a des problemes lies a la qualite de membre, aux
procedures et aux modalites de vote si, a la base, la question
spirituelle de savoir pourquoi nous sommes reunis, en tant
qu'orthodoxes et protestants, au sein d'un meme Conseil des
Eglises reste sans reponse ?  

Apres le 11 septembre 2001, des juifs, des chretiens et des
musulmans ont pu participer ensemble a des celebrations
interreligieuses a New York, Bruxelles ou Assise et adresser
leurs prieres a Dieu les uns apres les autres, ou les uns a cote
des autres, mais il n'est toujours pas clairement etabli si des
chretiens peuvent prier ensemble le Dieu trinitaire au nom duquel
ils ont ete baptises, celebrent leurs cultes et prient pour que
vienne son regne.  

Pour des personnes exterieures, cette question, due a des
differences doctrinales sur la nature et la mission de
l'Eglise, est absolument incomprehensible, mais pour ceux qui
connaissent la tradition et la situation actuelle, il ne s'agit
pas la d'un detail, mais d'un element fondamental.   

En effet, tout au long de l'histoire de l'Eglise et des Eglises,
ce debat a eu pour consequences des divisions au sein de l'Eglise
des les conciles des premiers siecles, puis entre les Eglises
d'Orient et d'Occident. Les Eglises protestantes, apparues a
partir du 16eme siecle, ne sont touchees qu'indirectement par les
condamnations anciennes, mais elles n'en sont pas exemptes, malgre
le fait qu'elles revendiquent un retour a l'Eglise ancienne et a
la tradition biblique.  

Il existe, il est vrai, une pratique ecclesiale qui fait que des
recueillements communs ont lieu et qu'il va presque de soi qu'on
prie ensemble, en raison de la proximite spirituelle et des
rapprochements vecus dans les dialogues theologiques.  

Mais, lorsque le probleme est pose dans toute sa rigueur, on
constate que cette pratique qui est due  au fait que l'on vit
ensemble n'a aucun fondement dans la theologie de la liturgie ni
surtout dans celle du ministere.  

Il faut ajouter que tous les representants orthodoxes n'ont pas
adopte cette interpretation stricte, de sorte que l'on peut
esperer trouver des voies permettant de sortir de cette
impasse theologique.  

Mais des voix se sont aussi fait entendre du cote protestant, et
la mienne est du nombre, qui demandent combien de temps ce
processus de clarification va encore durer. Ne serait-il pas plus
honnete de reconnaitre l'impossibilite de resoudre cette question
centrale de la theologie et de se separer a l'amiable, apres
cinquante ans d'un cheminement commun, en se rencontrant a
nouveau, en toute amitie, en tant qu'alliances, respectivement
protestante et orthodoxe par exemple?  

D'autre part, nombreux sont ceux qui n'ont pas encore renonce a
l'espoir de pouvoir au moins nous rencontrer dans une celebration
. laique /, une forme connue de toutes les confessions, dans
laquelle ce ne sont pas les ministres ordonnes qui representent
l'Eglise, mais ou des representants du peuple de Dieu se
reunissent pour rendre gloire a Dieu par la priere et les
chants de louange.  

Quelle que soient les conclusions qui seront soumises a ce sujet
au Comite central du mois d'aout prochain, il demeure que le fait
que nous ne pouvons pas aller les uns vers les autres dans la
joie et la liberte et nous rassembler simplement devant notre
Pere a tous pour le prier est une plaie ouverte du Corps du
Christ.  
______________________
L'auteur de ce texte, l'eveque Rolf Koppe, est depuis 1993 a la
tete du departement . oecumenisme et ministeres a l'etranger / du
bureau central de l'Eglise evangelique en Allemagne (EKD).
L'eveque Koppe a ete de 1984 a 1988 attache de presse de
l'EKD et responsable des publications du bureau central de cette
Eglise, puis surintendant de l'Eglise de Hanovre pour le diocese
de Gottingen. Il est co-president de la Commission speciale sur
la participation des orthodoxes au COE.  

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Comment prier ensemble ?
Quelques remarques sur les . Lignes directrices pour la priere
commune /
K.M.George

Celebration et priere

Il est sans aucun doute utile de faire la distinction entre
'celebration' et 'priere', comme cela a ete suggere lors de
la reunion du Caire de la Commission speciale sur la
participation des orthodoxes au Conseil oecumenique des Eglises
(COE), en novembre 2000 ; en effet, ces termes sont parfois
utilises de maniere interchangeable dans la pratique courante. Il
pourrait etre egalement utile de distinguer entre celebration
sacramentelle  et priere commune.  

La Tradition orthodoxe fait un certain nombre de distinctions
fondamentales en matiere de . priere /. Elle distingue entre la
liturgie ou celebration sacramentelle, la Priere canonique des
Heures  et la priere personnelle et les pratiques de piete. Un
exemple de la premiere categorie est la celebration de la sainte
Eucharistie dans la communaute.  La signification des autres
celebrations sacramentelles decoule de l'Eucharistie. Un
exemple du deuxieme groupe mentionne est la priere du matin et du
soir qui est dite dans les eglises paroissiales, les monasteres
et les seminaires. En certains lieux, des formes abregees sont
utilisees pour les prieres en famille. Quant a la priere
personnelle et aux pratiques de piete, elles peuvent s'inspirer
d'un large eventail de prieres canoniques, d'ecrits spirituels
des Peres et de diverses pratiques comme, par exemple, la .
Priere de Jesus /.   

La priere commune dans le . cadre oecumenique / actuel peut etre
consideree au sens large comme faisant partie de la categorie des
Prieres canoniques pour les raisons suivantes :

- la priere des Heures n'est pas . sacramentelle / au sens
technique du terme (sous l'angle theologique, le sacrement a un
champ de signification beaucoup plus large) ;

- tout en suivant certains principes liturgiques dans son ordo,
elle est plus souple que l'ordre de la liturgie sacramentelle ;

- c'est une priere commune publique et il n'y a aucune raison
theologique pour laquelle quiconque desirant participer a
cette forme de priere devrait en etre exclu ;

- elle n'exige pas la presence d'une personne ordonnee, puisque
des communautes laiques peuvent l'utiliser ;

- elle est utilisee par des femmes, comme cela se fait dans les
monasteres de femmes dans certaines Eglises.  

La priere oecumenique

Pour nos Eglises, la priere oecumenique est quelque chose de
relativement nouveau. L'idee en est apparue probablement au
moment de la creation du COE. Dans le monde materiel, nos Eglises
se sont bien accommodees des  nouveautes technologiques, du
microphone a l'Internet, pour communiquer l'Evangile. Mais
comment abordons-nous une question spirituelle nouvelle qui est
liee a notre but ultime, l'unite visible ?  

La reponse est que nous pourrions repondre au . nouveau / defi 
que pose la priere commune en nous fondant sur les principes de
la sagesse liturgique heritee de la Tradition chretienne. Dans
une perspective orthodoxe, voici les elements que je considere
comme fondamentaux pour toute priere commune :

- la doxologie, ou glorification du mystere trinitaire . Pere,
Fils et Saint Esprit, un seul vrai Dieu /
- l'oraison dominicale, telle que le Christ l'a enseignee
- la lecture de l'evangile
- la confession de foi, de preference le credo de Nicee
- la priere d'intercession, ou litanie, tenant compte du
contexte de notre vie actuelle
- la commemoration des saints et des martyrs, la . nuee de
temoins /
- la benediction, selon l'une des formules figurant dans la
Bible, de preference la benediction trinitaire du Nouveau
Testament

Symboles

Les symboles sont indispensables dans toute priere ou
celebration, car la communication verbale est partielle et
inadequate. La croix, les cierges, l'encens, les vetements
liturgiques, les couleurs sont traditionnels dans la priere
commune.  

On se laissera guider par les principes d'un usage sobre des
symboles, et acceptable pour tous. La croix, par exemple, est un
symbole unique qui communique le mystere de l'Incarnation divine
et de notre salut. Les recueils liturgiques l'appellent souvent .
l'arbre / et nous disent que . Jesus a ete pendu au bois/. De la
nature creee a l'arbre de vie, de l'echelle de Jacob a l'axis
mundi, cet arbre-croix symbolise les dimensions personnelles et
cosmiques de notre foi chretienne et de notre salut. Supposons
que certains enthousiastes de l'ecologie et du cosmos, tout en
negligeant le symbole traditionnel de la croix, en viennent a
deraciner un arbrisseau et a l'apporter dans la chapelle pour un
culte (comme cela s'est produit en certains endroits) : ce serait
la une violation des principes ecologiques, de la sobriete et de
la recherche de ce qui est acceptable pour tous, et cela generait
beaucoup de gens ! Pourtant, nous devrions etre ouverts a de
nouveaux symboles, puisque nos contextes ne cessent de changer. 

La priere commune par excellence

Elle n'est rien d'autre que la Priere du Seigneur. La beaute et
l'universalite de cette priere, enseignee par le Christ, sont
inegalables. J'ai vu des hindouistes et des musulmans la dire
avec des chretiens, sans pour autant souscrire aux doctrines
chretiennes. Un chretien, quel qu'il soit, a-t-il le droit de
les exclure de cette priere dont notre Seigneur a fait don a
l'humanite ?   

C'est aussi une illustration du fait que la priere chretienne
appartient a tous et qu'elle est dite  au nom de tous. Une Eglise
qui prie . avec le soleil, la lune et les etoiles, avec la terre
et les oceans, les anges et les archanges, les seraphins et les
cherubins (liturgie syriaque de St Jacques) ne saurait prier en
excluant qui que ce soit.   

Toute preparation d'une priere commune devrait prendre pour
fondement l'oraison dominicale. Il faut aussi etre attentif a
certains groupes qui se servent des occasions de priere
oecumenique pour promouvoir leurs interets sectaires. Ce genre
de manipulation peut avoir provoque la reaction tres  negative de
certains milieux a l'egard de la priere commune.  

__________________
Le pere Kondothra M. George est professeur au Seminaire de
theologie orthodoxe de Kottayam, au Kerala, Inde. Pretre
ordonne de l'Eglise orthodoxe syrienne de Malankara a Kottayam,
il a enseigne a l'Institut oecumenique de Bossey, pres de Geneve,
de 1989 a 1994. Il est membre du Comite central du COE depuis
1998 et preside le Comite du programme de cet organe directeur. 

Les photos accompagnant ce Document COE sont publiees sur notre
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Le Conseil oecumenique des Eglises (COE) est une communaute de
342 Eglises. Elles sont reparties dans plus de 100 pays sur tous
les continents et representent pratiquement toutes les traditions
chretiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais
elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance
dirigeante du COE est l'Assemblee, qui se reunit environ tous les
7 ans. Le COE a ete forme officiellement en 1948 a Amsterdam, aux
Pays-Bas. Le secretaire general Konrad Raiser, de l'Eglise
evangelique d'Allemagne, est a la tete du personnel de
l'organisation.

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