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WCC Harare - Communiqué de Presse 2
From
George Conklin <gconklin@wfn.org>
Date
30 Nov 1998 11:05:22
Festival oecuménique de la Décennie
Communiqué de Press No 2
Pour publication immédiate
29 novembre 1998
LA THEOLOGIE, UNE AFFAIRE TROP SERIEUSE
POUR ETRE CONFIEE SEULEMENT AUX HOMMES
"Malgré tout ce que nous devons entendre et parfois supporter, nous savons
que nous sommes bénies !" Théologienne américaine, Ada Maria Asasi Dias a
l*habitude des sarcasmes et des sourires entendus lorsqu*elle parle de
"théologie féministe". Loin de se décourager, elle continue de penser,
aujourd*hui plus qu*hier, que cette nouvelle approche théologique va de soi
et que les réactions négatives qu*elle suscite ne sont dues qu*au poids des
habitudes et des traditions : la théologie, et plus particulièrement la
théologie systématique et fondamentale, serait une affaire d*hommes.
Face à cette pesanteur dogmatique, Ada M. Dias propose une définition de la
théologie féministe dont on voit mal comment, ainsi définie, on pourrait en
contester le bien fondé tant elle paraît simple et dépourvue
d*arrière-pensée : une théologie pensée et élaborée par des femmes qui
cherchent à formuler leur foi à partir de leur condition de femme. "Plus
que de nous attacher à une explication des dogmes du passé, nous souhaitons
réfléchir à ce que nous croyons réellement et à ce que nous vivons
aujourd*hui, en tant que femmes, c*est à dire en tant qu*êtres humains et
créatures de Dieu." C*est sans doute cette attitude délibérée de mettre
l*accent sur la vie plus que sur le savoir accadémique qui vaut aux
théologiennes féministes d*être accusées par certains de leurs collègues
hommes de ne pas passer suffisament de temps dans les bibliothèques et de
pas être assez savantes pour prétendre se mêler de réflexions dogmatiques.
"On nous prend pour des activistes ignardes et notre théologie n*est pas
prise au sérieux dans les facultés " constate Ada M. Dias qui n*en garde
pas moins une belle assurance de... théologienne ! Nul doute que sa
participation au Festival de la Décennie des Eglises solidaires des femmes
l*aura confortée dans sa conviction que la théologie, plus que d*être une
affaire d*hommes ou de femmes, ne peut se dispenser d*une réflexion sur la
réalité de la vie telle qu*elle est, et non telle qu*elle est supposée
devoir être.
A cet égard, les témoignages de quatre autres femmes ont montré à quel
point la réflexion théologique pouvait être parfois si éloignée de cette
réalité pourtant bien vivante. Le seul récit d*Anne Smith suffirait à le
montrer. Fille d*un pasteur anglican canadien qui abusa d*elle pendant de
nombreuses années, elle vécut un véritable calvaire dans une soumission
totale. Lorsqu*il se rattacha à une Eglise charismatique, ce pasteur
indigne l*obligea à le suivre dans sa nouvelle communauté tout en
poursuivant ses sévices, jusqu*au jour où il lui imposa un mari. Ou encore
le témoignage de Rebecca Alman, catholique de Papouasie-Nouvelle-Guinée,
qui fit un jour un beau mariage et qui, les années passant, dût subire les
violences de son bien-aimé devenu brutal et alcoolique. Comble de
l*injustice, parce qu*elle demanda le divorce, elle fut interdite de
communion dans son Eglise : "Et cela fait vingt ans que ça dure !"
Autres femmes, autres témoignages : celui d*Olivia Juarez de Gonzales, qui
dénonce avec force les terribles discriminations que doivent subir les
femmes indigènes en Amérique latine. Exploitées dans leur travail,
brutalisées et violentées par des patrons sans scrupules, il ne leur reste
qu*à prendre la porte le jour où leur vient l*idée de se plaindre et de
réclamer leurs droits. Ou encore celui de Susan Adams, prêtre anglicane de
Nouvelle-Zélande qui a été poussée à démissionner de son Eglise parce
qu*elle en contestait les structures et le fonctionnement. Autant
d*exemples que l*on pourrait multiplier et qui montrent que les Eglises
vivent parfois une étrange conception de la dignité et de la condition de
femme. Triste image de l*homme.
Invité à commenter ces cinq témoignages, le pasteur Konrad Raiser a d*abord
insisté sur l*absolue nécessité de ne pas cacher cette maladie honteuse qui
sévit dans toutes les Eglises. "Par ailleurs, a-t-il ajouté, il ne faut
jamais admettre que l*on justifie, quelles qu*en soient les raisons, de
telles violences et de telles indignités." Pour le secrétaire général du
Conseil oecuménique des Eglises (COE), la violence à l*encontre des femmes
est l*expression d*une culture masculine que les Eglises ont trop longtemps
cautionné. Mais ne sont-elles pas en même temps le lieu le plus apte à
remettre en cause cette apparente fatalité et à oeuvrer en faveur d*une
réconciliation entre hommes et femmes ? C*était bien l*un des buts que
s*était fixé la Décennie oecuménique que "d*aider les Eglises à se
débarasser du racisme, du sexisme et de l*esprit de classe ainsi que des
enseignements et pratiques discriminatoires l*égard des femmes".
Conseil oecuménique des Eglises
Bureau de la presse et de l'information, Harare
Tél.: +263.91.23.23.81
Adresse électronique: jwn8@staff.wcc-coe.org
http://www.wcc-coe.org
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