wfn.org | Communiqué de Presse 20

["Benoit Zimmerman" <bzi8@staff.wcc-coe.org>]

Huitième Assemblée du COE
Communiqué de Press No 20
Pour publication immédiate
10 décembre 1998

FEMMES DU RWANDA

Tout doucement, le Rwanda se remet de l'effroyable tragédie qui, en 1994, lui fit vivre la période la plus noire de son histoire. Encore traumatisées par la participation de nombre de leurs fidèles, laïcs ou pasteurs, au génocide, les Eglises s'efforcent de redonner un peu de vie à un pays que la folie des hommes a conduit à l'agonie. Leur chance est de pouvoir largement compter sur la vraie force vivre de la nation: les femmes du Rwanda. Depuis la fin de la guerre, elles ont retroussé leurs manches et pris les choses en main. Contraintes et forcées de pallier à la disparition de plusieurs générations d'hommes, elles occupent aujourd'hui des postes de responsabilité dans les Eglises et la société. On peut aussi les voir exécuter des tâches traditionnellement réservées aux hommes: elles bâtissent des maisons, refont les routes et travaillent dans les champs. Beaucoup d'entre elles se sont mises à l'artisanat. A côté de leur travail ou de leurs nouvelles responsabilités, elles sont nombreuses à avoir seule la charge de leur famille. Pour la majorité d'entre elles, leur mari sont morts, prisonniers ou en exil à l'étranger. Personne ne peut dire ni quand, ni si ils reviendront. 

Dans les paroisses, les femmes sont particulièrement présentes comme on peut le remarquer au travers de leur participation active aux multiples activités. En témoignent aussi les nombreuses chorales féminines qui animent les cultes et les cérémonies. Esther est pasteur de l'Eglise presbytérienne du Rwanda. Participante de la VIIIe Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises qui se tient actuellement à Harare (Zimbabwe), elle assiste à un "padare" (rencontre) sur la réconciliation dans son pays. Veuve à 41 ans - son mari a été victime de la tragédie - et mère de quatre enfants, elle vient d'être ordonnée pasteur. Après ses études de théologie, qu'elle a décidé d'entreprendre tout de suite après la guerre, puis une période de stage, elle doit prendre prochainement un poste paroissial. Son témoignage est tout en douceur et en dignité. En sagesse aussi: "Nous les femmes, nous avons besoin de nous soutenir les unes les autres, de nous rencontrer, de prier ensemble." Pour reprendre courage, les femmes rwandaises ont pour toute ressource le simple désir de se rencontrer, de travailler ensemble, de se parler: "Nous discutons beaucoup entre nous. Pour se faire la conversation, pour échanger des idées. On imagine des projets. On partage aussi nos joies, et nos peines surtout."  

On comprend pourquoi, dans ce contexte, la Décennie oecuménique des Eglises solidaires des femmes a revêtu au Rwanda une importance particulière. L'année 1998 a été marquée par plusieurs initiatives dans le but de célébrer la décennie et d'en dresser le bilan. Du 26 octobre au 1er novembre, à Kigali, une grande célébration nationale a salué la fin de la Décennie en présence des représentants des Eglises et des pouvoirs publics. A cette occasion, un séminaire a réuni 80 représentantes des Eglises du Conseil protestant du Rwanda, de l'Eglise catholique et d'autres communautés évangéliques du pays. Les thèmes qui y ont été abordés ont touché aux questions juridiques qui se posent aujourd'hui aux femmes d'une façon nouvelle, à leur rôle dans l'économie et le développement, ou encore à la vie familiale   *.

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