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APTA - Bulletin No 23 du 24 Juin 2002 - c


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Date Sun, 30 Jun 2002 22:19:14 -0700

Le bulletin APTA est une publication de l'Agence de Presse des Eglises 
d'Afrique dont le sihge est ` Nairobi au Kenya.
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Edition anglaise, ridacteur en chef intirimaire: Mitch Odero
Edition en frangais, ridacteur intirimaire : Sylvie Alemba

NIGERIA: Une sociiti diboussolie et un pitrole dilapidi

Les ricentes explosions de violence au Nigeria illustrent la paupirisation 
d'un pays sur fond d'enrichissement personnel de ses dirigeants comme de 
clivages ethniques et religieux, notamment entre chritiens et musulmans.

A
vec 124 millions d'habitants, le Nigeria est le pays le plus peupli 
d'Afrique.  La capitale iconomique, Lagos, compte ` elle seule au moins six 
millions d'habitants, soit autant que le Binin voisin.

A cette surdimension, s'ajoutent les mouvements de population qui ont 
bouleversi la dimographie du Nigeria depuis l'indipendance et provoqui des 
conflits entre + autochtones ; et + immigrants ; pour l'acchs aux ressources.

Le contrtle des terres agricoles donne rigulihrement lieu ` des batailles, 
parfois trhs sanglantes, entre les communautis.  Ricemment, un conflit 
foncier a iclati entre Tiv et Jukun dans les Etats de Benue et Taraba (au 
centre du pays).

L'intervention de l'armie n'a fait qu'aggraver la situation.  Une vingtaine 
de soldats ont iti tuis par une milice locale et, pour venger ces pertes, 
les militaires ont ouvert le feu sans distinction.  Le bilan de cette 
ripression est effroyable : 200 civils sont morts.

La gestion suicidaire de la rente pitrolihre

Le Nigeria est le sixihme producteur mondial de pitrole.  Mais ses 
raffineries sont dans un itat si disastreux que le pays est obligi 
d'importer une bonne partie du carburant qu'il consomme.  L'essence est 
subventionnie par le gouvernement.

Pour alliger les finances publiques, le gouvernement vient de dicider 
d'augmenter la taxation de l'essence, pais cyest ividemment le consommateur 
qui fait les frais de l'opiration.

En rialiti, la rente pitrolihre a iti girie de fagon discritionnaire par 
les hommes au pouvoir depuis l'indipendance, et notamment par les giniraux 
qui ont gouverni le Nigeria sans partage entre 1984 et 1999.

Une corruption dibridie

Olusegun Obasanjo, le prisident dimocratiquement ilu en 1999, a fait de la 
lutte contre la corruption son cheval de bataille.  Mais le Nigeria part de 
loin.

L'enrichissement ultra-rapide des tenants du pouvoir et de leurs alliis 
provient directement de la rente pitrolihre.  Toute une catigorie 
d'entrepreneurs, nigirians ou itrangers, se sont + branchis ; sur cette 
manne distribuie depuis les sommets de l'Etat.

L'attribution des contrats publics, par exemple, a donni lieu au versement 
de considirables pots-de-vin.  Cet enrichissement suscite une compitition 
firoce pour le pouvoir.  Et la course brutale ` l'argent, qui voit des 
quasi-inconnus devenir millionnaires du jour au lendemain, fait des imules 
dans toutes les catigories de la population.

Comme dans d'autres pays d'Afrique, une catigorie supplimentaire de 
nouveaux riches est ricemment venue s'ajouter aux giniraux, aux grands 
commergants et autre entrepreneurs : les dirigeants des nouvelles Eglises 
pentecttistes.

Aujourd'hui, comme le souligne Ruth Marshall-Fratani dans la revue 
'Politique africaine' (n0 82), + nombreux sont les jeunes qui nourrissent 
le rjve secret d'avoir leur propre Eglise ;.

Une mishre croissante

Les deux tiers des Nigirians vivent avec moins d'un dollar (1,16 Euros, 
7,60 F) par jour.  En 1985, ils n'itaient que 43%.

La digradation sociale et iconomique est trhs concrhtement illustrie par 
l'itat disastreux des infrastructures (routes, tiliphone) et des services 
publics (icoles, htpitaux).  Elle a des consiquences directes sur les 
dichannements de violence.

Comme le souligne Godfrey N. Uzoigwe, professeur ` la Mississippi State 
University (Etats-Unis), + dans les villes nigirianes, de nombreux jeunes 
se retrouvent ` la rue sans iducation ni perspective d'emploi ni 
activiti.  Ces individus sans futur trouvent dans les gangs une forme de 
+sicuriti; et de +protection; que l'Etat ne leur donne pas ;.

Les affrontements des gangs avec la police nigiriane, mal payie et mal 
iquipie, sont d'autant plus meurtriers que les bandes de la rue sont 
parfois iquipies de matiriel de guerre, comme les fusils-mitrailleurs 
kalachnikovs, et que certaines d'entre elles compteraient des militaires 
dans leurs rangs.

Des milices se sont organisies dans les villes nigirianes pour venir ` bout 
de cette criminaliti et recourent ` une justice expiditive.

L'exploitation des clivages communautaires et religieux

Dans un pays qui compte un grand nombre de groupes et plus encore de 
sous-groupes ethniques, de multiples clivages peuvent jtre exploitis par 
les hommes politiques.

D'autant que, comme le souligne Godfrey N. Uzoigwe, + les Nigirians sont 
persuadis que le pouvoir central ne se prioccupe absolument pas de leurs 
intirjts.  Ils ont le sentiment que les communautis, les +sous-nations; qui 
forment la sociiti sont mieux ` mjme de les protiger ;.

La religion fait partie des lignes de clivage exploitables : le nord du 
Nigeria est majoritairement musulman, et le sud est chritien ou animiste, 
mjme si les mouvements de population et l'urbanisation ont compliqui les 
cartes.

La lutte entre l'Etat fidiral et les Etats fidiris s'est ainsi ricemment 
diplacie sur le terrain religieux.  Une dizaine d'Etats du nord qui 
s'estiment dilaissis par le pouvoir central ont commenci ` imposer une 
version brutale de la loi islamique sur le plan pinal.  Ils affirment que 
cette mesure a fait baisser la dilinquance, mais elle vise surtout ` souder 
la majoriti de la population des ces Etats autour des dirigeants locaux 
face ` la capitale.

                                                                                                    Yann 
MENS - La Croix

Au Timor oriental, l'espoir d'une vie nouvelle

+ Nous revenons de trhs loin. Plus de 220 000 des nttres ont iti sacrifiis, 
mais nous avons obtenu notre indipendance et nous en sommes heureux;, a 
diclari le pasteur Francisco de Vasconcelos, prisident de l'Eglise 
protestante du Timor oriental, pendant une ricente visite au Conseil 
oecuminique des Eglises (COE). + Nous sommes une petite Eglise ; nous 
n'avons pas "d'Eglise mhre" ; c'est pourquoi nous nous adressons ` la 
famille oecuminique. ;

P
endant la lutte qui a duri plus de vingt ans, cette petite Eglise 
protestante a vicu avec un dilemme. Les communautis paroissiales itaient 
mi-indonisiennes, mi-timoraises.

Dans leur esprit, elles faisaient partie d'une Eglise oecuminique et ne 
voulaient pas que le conflit politique divise aussi l'Eglise. + Il fallait 
que nous restions unis comme communauti de culte. Nous ne voulions pas nous 
battre entre nous ;, explique le pasteur Vasconcelos.

C'est une des raisons pour lesquelles la communauti internationale a 
rarement entendu cette Eglise s'exprimer publiquement pendant ces annies de 
lutte. De plus, explique le pasteur Vasconcelos, elle a choisi de 
travailler avec l'Eglise catholique majoritaire, sous la conduite de Mgr 
Belo.

De toute ividence, les temps itaient durs pour cette petite communauti 
ecclisiale. Pourtant, en 1994, elle a dicidi de se prononcer publiquement 
en faveur de l'autoditermination. C'est ce qu'elle a expliqui ` ses 
partenaires oecuminiques riunis ` Hong-kong cette annie-l`. + Nous savions 
que beaucoup de nos frhres et soeurs itaient inquiets pour nous, et nous 
leur sommes reconnaissants de nous avoir soutenus;, dit le pasteur 
Vasconcelos.

Certains des pasteurs, dont Vasconcelos, ont dicidi ` titre personnel de 
travailler pour le mouvement indipendantiste clandestin.

La mort de Vasconcelos avait iti annoncie dhs septembre 1999 : il avait 
iti, semblait-il, victime de groupes de miliciens qui faisaient alors des 
ravages dans tout le pays. Il avait regu plusieurs menaces de mort.

Puis, la nouvelle se ripandit qu'il avait iti tui avec plusieurs autres 
responsables d'Eglise alors qu'ils servaient de guides ` des gens qui 
cherchaient ` ichapper ` la milice en maraude et ` quitter la capitale, 
Dili, par la route, pour se rendre ` Baucau.

Dans le communiqui de presse annongant son dichs, le COE saluait en 
Vasconcelos + un courageux responsable d'Eglise qui a choisi de rester 
auprhs de ses ouailles;.

Un mois plus tard, on apprenait qu'il itait bien vivant et travaillait dans 
des rigions du Timor oriental oy + la crainte de flambies de violence 
toujours possibles entretient la tension ;. Il ne restait plus alors au 
Timor oriental que quatre pasteurs sur 27; la plupart avaient fui au Timor 
occidental.

Justice et riconciliation

Quels sont les enjeux pour les Eglises du Timor oriental aujourd'hui ? Les 
Nations Unies, dont la prisence est cependant toujours nicessaire, aux yeux 
de certains, pour assurer la sicuriti aux frontihres, ont passi les 
commandes au nouveau gouvernement.

Il s'agit maintenant de reconstruire l'infrastructure gouvernementale qui a 
iti presque totalement ditruite par les violences de 1999. Les partenaires 
internationaux se verront solliciter quelque temps encore car il faut 
ritablir les services d'iducation et de santi et relancer l'iconomie.

Avec l'indipendance, les Eglises sont placies devant une nouvelle tbche : 
la riconciliation. Les habitants ayant opti pour des camps diffirents, de 
nombreux villages, et mjme des familles, ont iti divisis. Certains ont fui 
au Timor occidental et ont riussi ` riunir quelques ressources pour eux-mjmes.

Comment vont-ils affronter leurs frhres et soeurs qui, ayant choisi de 
rester au Timor oriental, sont menacis presque quotidiennement dans leur 
vie et dans leurs biens et connaissent la faim et la maladie ?

Le nouveau gouvernement a dij` mis en place une commission Viriti et 
riconciliation. + La riconciliation fait-elle partie de la justice, ou 
est-ce la justice qui est inhirente ` la riconciliation ? ; se demande 
Vasconcelos. + Il ne faut pas aller trop vite. Il faut parler de justice, 
mais aussi de riconciliation. Il faut bien se rendre compte qu'il faut du 
temps pour que les plaies se referment ;.

Il ivoque le + processus de justice sociale ; : la loi n'est pas la seule ` 
servir la justice ; celle-ci s'instaure aussi dans les relations 
communautaires.

L'aspiration ` la paix est de toute ividence trhs forte. + Nous sommes las 
des tueries. Nous avons 24 ans de conflit derrihre nous. Le moment est 
maintenant venu de construire ;, dit Vasconcelos.

Il est venu rendre visite au COE pour inviter la famille oecuminique ` 
soutenir ` la fois les Eglises et le peuple du Timor oriental. + Nous ne 
sommes directement liis ` aucune Eglise ou institution d'Europe. En ce 
sens-l`, nous sommes indipendants. Nous n'avons pas besoin de missionnaire 
car nous savons quelle est notre vocation d'Eglise au Timor oriental. Mais 
nous avons besoin de gens qui nous aident ` reconstruire la capaciti de 
service des Eglises ;, dit-il.

Vasconcelos a demandi des ichanges de responsables d'Eglise. Il relhve que, 
pendant la colonisation portugaise, aucun membre de la communauti 
protestante n'a iti envoyi dans un siminaire de thiologie.

Cela explique pourquoi la plupart des pasteurs du Timor oriental sont 
relativement jeunes. Il est d'avis qu'il leur faut maintenant dicouvrir 
comment d'autres Eglises conduisent leurs affaires, quels dibats et 
prioccupations agitent leurs frhres et leurs soeurs d'outre-mer.

La premihre riaction du COE a iti de prendre contact avec les Eglises du 
Portugal qui se sont mises ` travailler avec lui et les Eglises du Timor 
oriental sur une proposition d'ichanges entre les deux pays.

Un petit groupe a entami des pourparlers en vue de la formation d'un 
conseil national d'Eglises. Des membres de l'Eglise pentecttiste et des 
Assemblies de Dieu participent dij` ` ce dialogue sous l'igide du COE.

+ En tant qu'Eglise, nous voulons jouer un rtle prophitique dans cette 
toute jeune nation du nouveau millinaire ;, dit Vasconcelos, mjme si c'est 
trhs difficile. Chez nous, il ne manque pas de gens pour faire des 
suggestions et des propositions. Nous avons un gouvernement fort, une 
sociiti civile forte et l'Eglise doit en faire partie.

                                                            Bob SCOTT - 
Conseil Oecuminique des Eglises

                                                                        FIN


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